– Es-tu au moins un enfant ?

Le ton du chasseur n’est pas menaçant, mais montre une certaine déception, ce qui est probablement, aux yeux de Jimin, bien pire.

Tae et moi avons appelé Namjoon afin qu’il amène Yoongi dans un coin plus tranquille pour que nous discutions tous ensemble.

– Oui, je suis un enfant, renifle Jimin.

Jimin avait écouté mon conseil et ne s’était pas téléporté. Ce dernier n’a jamais eu d’ailes, contrairement aux anges et démons qui naissent avec celles-ci. Aussi, il développa, comme capacité spéciale, la téléportation permettant non seulement de passer d’un des 3 royaumes à l’autre, mais également de le faire d’un point précis à un autre au sein d’un même royaume.

Il pouvait, contrairement aux démons, ressentir la douleur, et n’avait pas, comme l’ont les anges, une force surhumaine. Mais il guérissait instantanément de toute blessure et pouvait soigner n’importe qui tout comme Tae.

Dieu lui avait fait aussi cadeau d’une sorte de protection lui permettant de résister aux sorts et aux attaques physiques. J’aurais aimé avoir un tel présent… Mais, je pouvais comprendre que Dieu ne pouvait pas admettre qu’on cherche à faire du mal à son fils adoptif pour essayer de l’atteindre.

Jimin était tout simplement tombé en courant, avec trop d’enthousiasme, vers un autre manège. Puisqu’il ne s’agissait pas d’une attaque, le bouclier n’avait pas fait effet et ses paumes avaient été égratignées par les pierres du pavé. Yoongi avait accouru vers lui, prit ses mains dans les siennes pour voir ses blessures qui avaient instantanément guéries sous ses yeux. Quand Jimin avait décelé le regard d’incompréhension de l’humain, il prit peur et se téléporta, ne laissant plus aucun doute au chasseur.

– Jimin est vraiment un enfant, confirme Tae.

– Qu’es-tu exactement ? lui demande Yoongi.

– Je suis un Nephlim, avoue-t-il hésitant, ma mère était un ange et mon père un démon.

– Tu es à moitié malfaisant, démoniaque ?

C’est quoi ce racisme ?

– Les démons ne sont pas forcément malfaisants. Ce sont juste les habitants de l’Enfer, lui explique Jimin. Il est vrai que les démons inférieurs ne sont que des êtres vicieux, mais les démons supérieurs sont capables de s’améliorer et de développer une personnalité propre.

Merci pour la précision Jimin.

– Malgré que mon père fût un démon, il a aimé sincèrement ma mère.

Attends, ce n’est pas du tout la version qu’on m’avait racontée…

– Mais, ils ont cessé de s’aimer… à cause de moi…

– À cause de toi ? répète Yoongi.

Oui ? Que veux-tu dire, Jimin ?

– Je vieillis 10 fois moins vite qu’un ange ou un démon, 100 fois moins vite qu’un humain. Imagine ce que c’est quand un bébé ne fait pas ses nuits et qu’on doive l’allaiter pendant près de 50 ans, qu’on doit changer ses couches pendant 200 ans et qu’on doit le porter dans ses bras pendant 100 ans, car il n’a toujours pas appris à marcher.

Mes parents n’en pouvaient plus de s’occuper de moi. Épuisés, lassés, ils ne cessaient de se disputer, rejetant la faute l’un sur l’autre. Ils ont fini par me haire, se haire et m’ont abandonné. Je suis un enfant, un enfant de 800 ans, mais un enfant tout de même.

– Toutes tes histoires avec ton père, trop occupé pour veiller sur toi, hésite Yoongi, c’était faux ?

– Non, tout est vrai, à part qu’il n’est pas un livresque, mon père, c’est… C’est Dieu.

– Tu parles de manière métaphorique ?

– Méta… quoi ?

– Non, précise Tae, c’est véritablement Dieu, Dieu en tant que personne. Il l’a adopté.

Namjoon lance un regard compatissant à Yoongi, comme pour dire : « Oui, je te comprends, ça fait un choc ».

– Et toi, tu es quoi ? demande Yoongi à Namjoon.

– Moi ? Je ne suis qu’un humain. Jungkook et Taehyung m’ont aidé et depuis nous sommes…

Il hésite.

– Amis, complété-je.

Namjoon sourit.

– Et vous ? nous interroge Yoongi.

– Je suis un ange, dit simplement Tae.

– Et moi, un démon, supérieur, précise-je aussitôt.

Yoongi passe sa main dans ses cheveux :

– C’est trop pour moi, je ne peux pas croire à pareilles choses !

Ok, c’est le moment de sortir nos ailes. Taehyung le fait en même temps que moi, comme si nos pensées étaient connectées l’une à l’autre.

Tiens, Yoongi aussi peut faire une face de poisson rouge !

Je range mes ailes avant que quelqu’un nous aperçoive, Tae m’imite.

– Tu vois, me pointe du doigt Jimin, Jungkook est un démon et pourtant il est très gentil.

Merci, Jimin.

– Jimin m’a protégé alors que j’étais sans défense. C’est quelqu’un de bien aussi. Un petit peu capricieux, certes, haussé-je des épaules, mais quel enfant de 8 ans ne l’est pas ?

Je l’avais toujours mal jugé, comme je l’avais fait avec Taehyung.

Jimin regarde Yoongi à la fois avec inquiétude et espoir. Le chasseur le considère un instant, puis pose un genou à terre et lui ouvre les bras. Jimin court vers lui et pleure, blotti contre lui. Yoongi l’embrasse sur la joue :

– Fais-moi un bisou, l’enlace-t-il.

– NON !

Il nous fixe avec incompréhension, nous avons tous crié en même temps.

– Hum, sourit timidement Jimin, mes bisous sont un petit peu mortels. Seuls Dieu et Lucifer peuvent les supporter.

– Lucifer ? répète Yoongi.

– Oui, c’est le « J-Hope » que nous cherchons, précise Tae.

– Oh, mais ne t’inquiète pas, le rassure Jimin, c’est un gars très sympa.

Yoongi se lève et pousse un soupir du style : « Mais dans quoi je me suis fourré ? »

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