Namjoon, apeuré, nous regarde avec ses yeux de Golden Retriever.

– Seul… avec… Jimin ?

– Il faut bien que quelqu’un le surveille, lui répété-je.

– Surtout, ne lui donne pas de sucreries, insiste Tae, et quoiqu’il arrive, quoiqu’il te dise, même s’il te menace de mort, ne lui offre pas de bonbons.

– Pou… Pourquoi ? Qu’est qu’il se passerait s’il mangeait un bonbon ?

– Tu as vu Gremlins ? commencé-je.

Tae me lance un regard, il ne sert à rien de paniquer l’humain. Plus il aura peur, plus ce sera dangereux pour lui.

– Ne t’inquiète pas, essaye de le rassurer Tae, je lui ai fait promettre de ne pas te tuer ni de te torturer.

– Ah…, tremble-t-il encore plus.

– Mets-le devant les dessins animés et cède à tous ses caprices, le conseillé-je, sauf en ce qui concerne les gourmandises.

– Bon, on y va ! nous lance Yoongi en enfilant sa veste.

Jimin se lève du canapé et vient vers nous :

– Vous voulez un bisou avant de partir ? nous taquine-t-il.

Un frisson parcourt ma colonne vertébrale.

– C’est mignon, répond Yoongi, avec plaisir !

– NON ! crions-nous tous en même temps.

Yoongi fronce du nez en une grimace et se penche sur Jimin pour poser un bisou sur sa joue. Jimin est de nouveau éberlué.

– Sois sage ! le pointe de son doigt Yoongi en signe d’autorité.

– Oui, je ne tuerais personne, répond gentiment Jimin.

Le chasseur se met à rire face à ce qu’il prend pour une plaisanterie et frotte les cheveux de l’enfant.

Nous sortons malgré la détresse de Namjoon.

– Tu crois que ça ira ? ai-je un doute.

– Jimin a promis, il tient toujours parole. Et puis, Namjoon a passé la plus claire partie de sa vie avec un monstre alors peut-être qu’il pourra aussi aimer Jimin.

Aimer Jimin ? À ma connaissance, à part Dieu, seulement deux personnes avaient aimé Jimin et ils ont tous les deux disparus…

Il fallut moins d’une heure de route pour arriver à notre point de rendez-vous avec le médium, une ruelle dans une petite ville au cachet ancien. Le genre d’endroit où je pourrais me promener, main dans la main, avec Taehyung et…

Mais qu’est-ce que je raconte moi ?

Nous avions attendu que le soleil se couche pour partir, car les fantômes ne sortent que la nuit. Je me suis toujours demandé pourquoi ? Il faut la sieste la journée ?

– Salut Suga ! lance une voix amicale.

Un homme, pas plus grand que Yoongi, mais au corps plus massif, habillé d’un sweat et d’un bonnet noirs le prend dans ses bras. Yoongi repousse le câlin, mais sans brutalité.

– Suga ? demande Tae.

– Oui, dit-il en pinçant la joue de Yoongi, c’est mon petit susucre à moi.

Je pouffe de rire, mais le regard assassin du chasseur me calme.

– Oh, ne peut s’empêcher de sourire d’un air rêveur Tae, c’est ton amoureux ?

Quel grand bêta romantique…

– Quoi ? Non ! se révolte Susucre. Moi, je les aime sexy.

Le médium le fixe, indigné :

– Quoi ? Je ne suis pas sexy ?

– Ben, grimace-t-il, tu n’es pas si mal pour un gorille.

Bang Chan l’enlace par derrière de ses bras et le soulève de terre en riant.

– Ok, pouce, pouce, Chris !

Il le redépose et Yoongi passe une main dans ses cheveux pour se recoiffer :

– C’est mon frère. Adoptif, précise-t-il. Nos parents sont des chasseurs. Ils l’ont choisi parce qu’il est médium, quant à moi ils m’ont trouvé alors que je pourchassais le monstre qui a tué mes parents biologiques.

– Désolé, Yoongi, compatit Tae. Tu avais quel âge ?

– 12 ans. Bang Chan était déjà avec eux à l’époque. Il avait 8 ans.

– Donc je suis son petit frère adoré, sourit-il.

– Et moi ton ainé, alors parle-moi avec respect.

Il lui lance un regard unique aux frères qui signifie : « Tu peux toujours rêver, mon vieux.»

– Et donc ce fantôme, demandé-je, quel lien avec le Chaos ?

– Je peux savoir qui vous êtes ? nous interroge Bang Chan.

– Oh, désolé, répond Yoongi, c’est Jungkook et Taehyung, des apprentis chasseurs et ils sont très très mauvais.

Je croise les bras.

– C’est mon chéri ? sourit Tae fièrement.

– Oh, c’est vrai, s’amuse le médium, c’est ton chéri ?

– Hum…

J’hésite, un instant, dévisage Tae qui affiche une émotion teintée à la fois d’espoir et de vive inquiétude.

– Oui, affirmé-je peut-être un peu trop fort, c’est bien mon chéri !

Bang Chan se met à rire.

– Vous êtes mignons !

Je souris timidement, puis regarde Tae. Il est aux anges. J’ai presqu’envie de l’embrasser… presque.

Le médium reprend son sérieux :

– Eh bien, c’est Papi qui me l’a dit.

– Papi ? m’étonné-je.

– J. Y. Papi est mon esprit gardien. Je le vois depuis que je suis enfant. Il est mon contact avec le monde de l’au-delà et il me conseille. Il est très souvent barbant, mais les infos qu’il me donne sont toujours exactes. Il m’a indiqué qu’il y eut une forte augmentation de fantômes dans notre région. Les fantômes sont des prisonniers de notre monde. Apparemment, quelqu’un utiliserait une nouvelle forme d’« énergie » pour les tuer, ce qui les bloquerait ici. Aussi, je pensais enquêter.

– Et donc parmi tous ceux qui ont été créés récemment, toi tu choisis celui qui hante un manoir lugubre ? lui lance un regard de reproche Yoongi.

– Ça va être amusant ! sourit Bang Chan.

– Je n’aime pas les vieilles demeures hantées, grimace Yoongi.

– Tu tues des loups-garous et des vampires à tour de bras et un petit fantôme de rien du tout t’effraie ? se moque Bang Chan.

– Lorsqu’on a 12 ans et qu’on voit, constamment, des revenants autour de son lit, ça laisse quelques mauvais souvenirs !

– Ce n’est pas ma faute, c’est papa et maman qui voulaient qu’on partage notre chambre ! Mais, en tous cas, ça me rassurait d’avoir mon grand frère avec moi.

Il lui lance un regard de bébé chien qui fait penser à Namjoon.

Yoongi cède et lui sourit.

– Bon, qu’est-ce qu’on en sait de ce fantôme ? l’interroge Yoongi.

– Oh, tu vas voir, il est facile celui-là. C’était le fils d’un des domestiques. Un très gentil garçon de 22 ans. Tout le monde le disait mignon, un vrai petit ange. Il aidait ses parents à servir lors d’une fête au manoir. On l’a trouvé raide mort dans la cuisine. Le propriétaire nous laisse accès à sa demeure. Il veut savoir ce qui s’est passé pour raconter cette histoire à ses amis.

– Je vois que ce n’est pas la compassion qui l’étouffe. Et quel est le nom de ce fantôme ?

– Felix.

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